Rick Carlisle depuis le banc, lors d'un match de summer league. À sa droite, Kevin Pritchard rigole

Les grands enjeux de la réussite en 23/24

L’objectif est clair, en 2023-2024 Indiana se ramènera couteau entre les dents pour gagner un maximum. Objectif finalement très similaire avec ceux fixés chaque étés depuis 10 ans… À ça un constat, plusieurs coachs sont passés déjà depuis la dernière apparition des Pacers en playoffs, et il faut rajouter encore quelques années pour en arriver à la dernière victoire en playoff de ce club.
C’est donc presque sans continuité, avec un effectif jeune et quasiment aucune expérience en playoffs que Carlisle souhaite atteindre les sommets de l’est. Il faut bien un début à tout comme on dit.
Et pourtant, en à peine deux ans, Rick a su mettre toute sa motivation, son intelligence et sa créativité pour faire gagner son équipe. Que ce soit en donnant une identité aux Pacers grâce a un plan de jeu offensif efficace, ou que ce soit de par des systèmes et une rotation ambitieuse et bien rodée, ce qui permettra au coach de faire regoûter son équipe à la victoire la saison dernière. Malheureusement ça ne sera pas suffisant, Indiana rebroussant chemin à la mi-saison pour déclencher l’opération tanking.
Avec une équipe renforcée, Indiana pourrait se voir à rêver plus grand dès cette saison, et bien que l’effectif ait gommé certaines de ses faiblesses, certaines zones d’ombres persistent, et doivent être discutées et appréhendées avant de vouloir regarder les hauteurs de la ligue.

Sortir de la Tyrese dépendance.

Sûrement le tournant de la saison 22/23 : Tyrese se blesse, l’écartant des terrains dix matchs ; résultat ? 1 victoire pour 9 défaites et une équipe d’Indiana sans repère, incapable de créer quelque chose de cohérent. Avec un Andrew Nembhard encore trop inexpérimenté, qui n’arrivera pas à passer un step (8/2/5 à 30% au tir et 18% de loin) et malgré un McConnell qui lui élèvera magniquement son niveau (14/4/8 à 64% au tir dont 77% de loin), cela ne sera pas suffisant pour sauver les meubles, Tyrese semblait indispensable…
Pour une équipe qui en 2020 s’est faite sweep en playoffs l’absence de son meilleur joueur (Sabonis) mais aussi en 2019 en l’absence là aussi de son meilleur joueur (Oladipo), cette dépendance devrait plus qu’affoler.
Avouez que les situations se ressemblent, à chaque fois des équipes dépendantes et centrées autour de leur star, sans que jamais celle ci n’ait le statut de superstar ; dans cette configuration atteindre les sommets serait vu comme un exploit et en cas d’imprévu c’est le ventre mou assuré, les deux dernières séries de playoffs côté Indiana l’ont bien prouvé.
Et puis quand bien même Tyrese ne serait pas blessé, s’il est celui autour duquel tout se construit et qu’en playoffs il se confronte à une équipe bien organisée qui le muselle, ça peut vite finir en déroute. Pensez au heat qui bloque complètement Giannis ou à Donovan Mitchell complètement étouffé par la défense des Knicks qui laisse les Cavs sans solution… Deux équipes aux saisons plus qu’encouragentes qui sortent salement au premier tour.
Sortir de la « Tyrese-dépendance » semble primordial, mais comment ? Quelles sont les options d’Indiana ?
Le plus fragrant, c’est qu’Indiana à besoin d’un autre gars capable de prendre des matchs à son compte ou de s’élever dans les moments qui comptent, un joueur capable de se comporter en vrai leader d’homme.

– Hield ? On a pu observer une baisse de niveau en l’absence de Tyrese. En réalité Hield tire dès qu’il est dans de bonnes conditions et ne force que très peu de tirs, donc en l’absence de Tyrese il est moins souvent en bonne position de tir et donc tente moins de tirs (3 de moins par match sur la période d’absence de 10 matchs de Tyrese). De plus avec sa situation contractuelle (agent libre l’été prochain) il est compliqué de centrer le projet autour de son apport à lui du moins sur le long terme…

– Turner ? Turner a tendance a élever son niveau en l’absence de joueurs majeurs et dans les moments importants grâce à son agressivité, en gros il en profite pour plus attaquer. On se souvient aisément des absences de Sabonis où il montrait son meilleur basket par exemple. Sa présence augmente et ses statistiques augmentent mais ça il n’a pas suffisamment ce côté « ok ce soir c’est mon soir je vais en planter 40 ». Pour maintenir l’équipe à flots, c’est une option de luxe mais pour prendre en main les fins de matchs serrées c’est moins naturel (même s’il aime bien planter des tirs importants dans les matchs serrés ça reste du catch n shoot).

– Nembhard ? C’est une des pistes les plus intéressantes : bien qu’il soit passé au travers pendant l’absence de Tyrese de mi-saison, il a été celui (et le seul) à avoir montré des flashs où juste il prend l’équipe sur son dos et en devient le leader autoproclamé, surtout en fin de saison sans Tyrese où il tournait en 15,5/2,7/8 à presque en 50/42/80.
Des matchs très actifs à la passe, où il prend des tirs importants, qui auront fait saliver tous les fans d’Indiana. Si on s’en cantonne à ce mini échantillon, on peut facilement se dire que dans un monde où Haliburton n’existe pas (au secours !), Nembhard pourrait devenir l’un des leaders de cette équipe ! Malheureusement, pour lui, Tyrese existe et c’est un problème en soit. Le Canadien est une option de premier rang actuellement pour sortir de la « Tyrese dépendance », mais il ne peut que très difficilement jouer en même temps que lui. Pas sur que les Bucks auraient gagné leur titre si Jrue Holiday jouait Ailier fort…
En revanche, en l’absence de Tyrese, on pourrait espérer compter sur lui pour prendre partiellement le relai, ce qui serait déjà en soit une grande avancée et une manière d’être moins dépendants de notre franchise player !

– Et pour finir, Bennedict Mathurin. Le chemin semble tout tracé pour le Québécois : un scoreur pur capable de ne pas faire la moindre passe en un quart temps, sans peur ni honte avec un égo bien forgé. Carlisle semble être d’accord avec ces lignes puisque malgré son rôle de sixième homme, on l’a vu systématiquement finir les matchs serrés (pré-tanking) avec une réussite moyenne mais une agressivite qui fait du bien. Mais voilà, la saison de Bennedict Mathurin a été mouvementée, avec ses hauts et ses bas, et surtout des grands travaux pour le faire progresser qui ont un peu monopolisé son énergie et son temps… Sur la fin de saison c’est un Mathurin discret et peu entreprenant qui a pointé son nez, encore plus visible en l’absence de Tyrese.
C’est encore trop tôt. À tout juste 21 ans l’aillier doit continuer de travailler à trouver sa place et son jeu offensif avant qu’on lui confie des rôles plus importants. Mais il n’en reste pas moins que Bennedict reste le plus grand espoir de futur star ou lieutenant au sein de cet effectif (mon cœur me crie JARACE WALKER).

Au final rien d’évident donc pour déléguer les responsabilités de Tyrese, nos deux meilleures options seront sophomore à la rentrée mais pourraient être plus que fonctionnelles dans un futur proche, peut être est-ce encore un peu tôt ? Après pour se rassurer n’oublions pas que Tyrese n’a jamais raté plus de 25 matchs et que son niveau devrait s’élever, s’il arrive à s’approcher du niveau de superstar cette problématique devrait moins se sentir, au moins jusqu’en juin. De très bonnes saisons sans lieutenants clairs, on en voit tous les ans, des titres sans un vrai lieutenant, ça relève de l’exploit.
On espère voir du mouvement sur ce plan là, qui sait, peut être un joueur sortira de l’ombre pour s’élever en vrai second de l’équipe offensivement ; avec un effectif aussi jeune, on peut sincèrement espérer voir notre franchise player de mieux en mieux entouré ! À voir si cela suffit cependant…

Construire une défense efficace.

C’est LE défaut principal qui ressort quand on parle des dernières saisons côté Indiana : défensivement et au rebond c’est le néant total. Aucun plan de jeu cohérent et l’intégralité de la tâche défensive repose sur les efforts de quelques individualités…
Un schéma qu’on a quand même pu observer chez des prétendants au titre : Houston en 2018 (avec P.J. Tucker en soldat) ou plus récemment les Nets de 2022 (avec un certain Bruce Brown en soldat, tiens !) ; mais voilà, ces equipes, étaient aussi composées d’un bon nombre d’hall of famers indiscutables, chose dont Indiana ne peut pas trop se targuer actuellement.
Si Indiana veut reussir cette saison, l’équipe n’a pas le choix, il va falloir se construire une défense efficace et collective, le talent offensif n’est pas assez présent pour pouvoir faire un all-in sur l’attaque.
Pour sa defense, au vu des armes que possédait Carlisle depuis son arrivée, il n’est pas surprenant ni débile de l’avoir vu prendre un virage offensif, les joueurs composant l’effectif étant tous autant plus orientés vers l’attaque… Cette faille défensive est même bien connue à vrai dire par l’équipe elle même, qui n’avait d’autres choix que de faire avec ce qu’elle avait. C’est pour cela que la défense aura été un des mots d’ordre du recrutement de Kevin Pritchard cet été, qui le dit lui même très bien.
L’objectif de ramener de la défense aura bien été accompli, puisque l’on a pu voir de vrai pros de la défense arriver en Indiana : Bruce Brown et Jarace Walker, dans un recrutement 5 étoiles, assez inhabituel pour l’équipe.

Mais voilà, c’est pas en rajoutant des talents défensifs que tu crées une défense pour autant… il faut qu’au niveau de l’équipe il y ait des stratégies mises en place, pour gérer les menaces, emmener les défenses adverses là où l’équipe le veut… Regardons les pistes intéressantes :

Déjà historiquement, la pièce centrale de la défense made in Indiana, c’est Myles Turner ; qui a toujours superbement protégé le panier. C’est souvent d’ailleurs là où les joueurs des Pacers essayaient d’emmener leur défenseurs : près du panier, directement dans les bras de Myles Turner qui n’avait plus qu’à cueillir les ballons. Malheureusement avec la baisse du niveau défensif de l’équipe, et l’absence d’un vrai poste 4, notre pivot est malgré lui sorti de son rôle de prédilection… Obligé de venir en aide bien plus tôt, de rester collé à l’intérieur adverse, les attaques adverses ont très bien compris comment l’éloigner de sa zone de prédilection, la raquette.
Et c’est là qu’Indiana doit chercher à le placer en défense, et ça, ça ne pourra passer que une défense qui laisse moins d’espace et la présence d’un vrai poste 4… Laissez-moi vous parler de Jarace Walker : en théorie capable de délester Myles Turner de tout ce qui sort de son domaine défensif de prédilection. Que ce soit pour venir en aide, défendre des bigmen ou switcher sur les écrans, le rookie devrait permettre à Myles Turner de ne plus être « celui qui rattrape les erreurs de tout le monde ». Avec deux pros de la défense dans la raquette et des défenseurs extérieurs moyens (à voir quel rôle ont Nembhard, B Brown ou Nesmith…) l’objectif devrait sûrement être d’emmener les attaquants adverses dans la raquette pour qu’ils se mangent nos protecteurs d’arceaux (on peut même y inclure Isaiah Jackson).
Sûrement aussi que dans l’objectif de construire un défense plus sérieuse, les extérieurs de l’équipe seront amenés à prendre moins de risques et moins jouer l’interception, ce qui aurait aussi pour conséquence de réduire le nombre de contre-attaques. Il va falloir trouver un équilibre.
Mais ce début de plan de jeu défensif que l’on devrait sûrement voir mis en place dès la saison prochaine ne répond pas à tous les problèmes de l’équipe : Quid de la défense autour des écrans (est ce que l’équipe doit continuer de switcher systématiquement sur les écrans ?), comment gérer les grosses menaces extérieures adverses sans sacrifier notre efficacité offensive… On en attend beaucoup de Carlisle au niveau défensif, et cela pourrait bien être le point clef de cette saison (offensivement on a pas trop de doutes).

Construire des rotations.

Il est la le vrai casse-tête auquel Carlisle va devoir se confronter, parce que le talent, c’est indéniable il est présent dans l’équipe au vu de sa profondeur. S’il recherche du shoot il possède plusieurs options, de la défense pareil, de l’agressivité aussi… en résumé l’équipe devrait être parée à beaucoup de possibilités et ne devrait pas manquer de moyens de s’adapter et de pallier les blessures.
Le problème c’est que dans cette équipe, à part quatre cinq joueurs dont la contribution est au dessus du lot, le reste se retrouve dans un amas où tout le monde a un niveau similaire, des forces indéniables mais aussi des points faibles. Comment choisir ?

Prenons des exemples : Aaron Nesmith par exemple, amène un superbe apport défensif, pas mal de shoot, mais est offensivement assez limité et peu agressif. Nwora son concurrent direct, est vraiment bon et capable de scorer à mi-distance, de loin de près, en se créant son propre tir, mais pêche un peu plus en défense et est moins adapté à du jeu rapide. Si on veut aller plus loin, Obi Topin, de son côté bénéficie d’une taille avantageuse, d’une agressivité importante et d’une bonne finission près du panier et en contre attaque, par contre, faut pas compter sur lui défensivement au rebond, c’est pas ça et de loin c’est le moins bon des 3 même s’il est capable.

Au final trois joueurs jouant sur les mêmes postes, de niveaux similaires, avec chacun des qualités différentes. Ces trois joueurs ne pourront pas chacun avoir des grosses minutes, comment choisir ? Ça se complique. Peu importe le joueur que tu mets en avant tu vas gagner sur un terrain et perdre sur un autre. Est ce que Rick Carlisle doit faire ses rotations au jour le jour en fonction des forces de ses adversaires, ça ne semble pas idéal pour le développement des joueurs, est ce qu’il va réellement faire la saison avec Jordan Nwora ou Aaron Nesmith en réserviste ? Ce n’est pas très souhaitable non plus

Mais il n’y a pas que ces trois joueurs là : on peut aussi inclure le trio Theis-Smith-Jackson sur le poste de pivot, où aucun des trois ne s’est vraiment démarqué du reste ; tout comme McConnell et Nembhard à la mène, qui joue qui joue pas ? Au final toute l’équipe repose sur ce type de dilemne dont aucune réponse claire ne ressort. Ce nœud de joueurs reste cependant intimement lié : tu ne peux difficilement mettre en sortie de banc Toppin et Theis ensemble pour protéger ta raquette. Bruce Brown, Nesmith, Jackson en sortie de banc et c’est la mort de l’attaque…

Il est là le vrai défi : réussir à construire l’effectif et les rotations qui marchent et qui sont équilibrées entre défense et attaque, avec du rebond, capable de jouer vite et de créer pour soi-même avec une grande majorité de joueurs capables de cocher quelques une de ses cases et très peu de joueurs capables d’en cocher une bonne partie à eux seuls.
Évidemment il s’agit du problème de riche, nombre d’équipes (toutes ?) rêveraient avoir une profondeur et autant d’armes qu’Indiana à leur disposition. C’est une chance en soit : quoi qu’il se passe on peut imaginer que Rick Carlisle mettra la meilleure disposition en œuvre, la rotation qui fera le mieux tourner l’équipe et qui la désavantagera le moins. Mais cette meilleure disposition pourrait rester largement imparfaite, avec des concessions faites entre efficacité défensive et offensive. Dépandant de l’équilibre trouvé, il pourrait devenir très frustrant de voir des joueurs ne pas jouer ou peu jouer malgré leur grand talent, et ce uniquement pour des questions de compatibilités avec l’équipe.

Regarde les Pacers la nuit, écris le jour, domirai demain. C’est moi qui gère le site web et les réseaux sociaux du projet. Queer.