Bennedict Mathurin en interview

Bennedict Mathurin, ou comment changer la trajectoire d’une franchise

La draft 2022, c’était la consécration de 4 mois d’un joli tanking, et rarement un évènement n’avait autant créé d’espoir et d’excitation au sein de la commu. Après tout, c’était bien la première fois dans nos vies que la draft avait de l’importance… Pour les prétendants, Jaden Ivy était dans tous nos esprits, mais on pourrait citer aussi Shaedon Sharpe et Bennedict Mathurin dont les noms revenaient pas mal.
La suite on la connait, Detroit volera Jaden Ivy juste devant nous et le choix des Pacers se portera très très logiquement sur Bennedict Mathurin. Tout semblait désigner ce joueur dès la draft : Bennedict avait de lui même insisté pour faire un deuxième workout avec Indiana (une première pour la franchise), il semblait déjà s’entendre avec l’équipe et avait même été aperçu aux cotés de Tyrese quelques heures avant la draft.

Aujourd’hui, c’est le moment de faire un début de bilan, après 2 mois de compétition, parce qu’il y en a des choses à dire.

Bennedict Mathurin

Évidemment, comment ne pas commencer par là. Impressionnant dès la summer league, c’est surtout par sa rage de vaincre qu’il s’est démarqué : Ultra agressif, il n’hésite pas à attaquer et à aller au contact à chaque ballon, peut-être même un peu trop… De qui reste un bon indicateur de l’énergie et de l’implication que Mathurin met au quotidien pour être le plus impactant et performant.
À la fin de la summer league, le constat est clair : notre rookie figure dans le top 5 des meilleurs marqueurs, mais avec une minuscule nuance, le tout en jouant moitié moins de minutes que ses comparses.

Petit élipse pour arriver à la saison régulière, où tout le monde se demandait s’il pourrait reproduire ses bonnes performances en nba, contre des équipes plus fortes. Eh bien oui, comme en témoigne ses moyennes sur les 3 premiers matchs :

  • 24 points, 6 rebonds, 2 passes.
  • 52% au tir, 52% de loin, 73% aux lancers.

À peine arrivé, le tout fraichement drafté est venu poser ses standards et montrer son potentiel. Et ça même notre front office ne semblait pas s’y attendre… Instantanément troisième option offensive de l’équipe et 6ème Homme, il a fait prendre une toute autre tournure à l’équipe, qu’on pensait trop faible pour ne serait ce aller plus haut que la 12ème place, Mathurin fait gagner des matchs.

Le Quebecquois impressionne par son bagage offensif : décrit comme un sniper efficace, il a surtout surpris par son attaque du panier. Malgré son côté un peu fonce-dans-le-tas (sur lequel il a déjà bien progressé), il est capable de finir au contact même des tirs compliqués. On le voit très souvent ajuster son tir en l’air afin de trouver le meilleur angle de tir, et ça lui réussit !
En 1v1, Mathurin se repose énormément sur son premier pas, difficile de lui reprocher, tant il est efficace et mène sur des occasions de tir régulières. Son adresse de loin le rend aussi difficile à défendre : bah oui, il est capable de dégainer même défendu ; défendre le tir de loin, c’est s’exposer à son premier pas destructeur, et défendre la pénétration c’est le laisser ouvert à 3pts. C’est une chose que notre rookie a bien compris et sur lequel il joue, avec des feintes de tir, ou de feintes de départ en dribble pour essayer de faire faire des erreurs à son défenseur.

De loin, Bennedict se veut bien plus qu’un simple catch n shooter, au contraire, c’est un joueur qui aime se créer des tirs par lui même ! Aucune hésitation de sa part quand il s’agit de tirer à 3 points sur des occasions de jeu rapide ou de s’arrêter en contre attaque pour artiller de loin. Vous le verrez même dans quelques cas de 1v1 où le défenseur lui laisse de l’espace, reculer pour passer derrière la ligne à 3pts et tirer.
Mathurin montre de très belles choses dans l’exercice de loin, surtout quand ses prises de tir ne sont pas les plus simples. Le voir avec un pourcentage de 35.5% de loin est déjà immense, même si on ressent l’impression qu’il pourrait augmenter sa précision avec une meilleure sélection de tirs et plus de régularité.

Offensivement, c’est à mi-distance qu’on aimerait le voir progresser : presque aucune tentative dans cette zone et une réussite qui frole les 25%, pas terrible… Pour un joueur qui se base beaucoup sur son explosivité et son premier pas, ça serait intéressant de le voir bosser ce domaine (comme peut le montrer Andrew Nembhard dans cet exercice).
Pareil pour son jeu au contact, où Bennedict se repose trop sur les coups de sifflets pour mettre des points. Foncer dans le tas pour attirer les arbitres, c’est un exercice dans lequel il excelle, mais quand les sifflets ne viennent pas, c’est balle perdue dans quasi tous les cas ! À trop chercher la faute, ça en devient compliqué de viser le panier.

Défensivement, ça reste encore parfois difficile, mais en à peine 30 matchs il a déjà montré une meilleure concentration dans sa défense, avec une amélioration de sa défense sur le porteur de balle (meilleur déplacement latéral et meilleure utilisation de son torse et de son physique pour contenir les assaults). En revanche, sa défense sur pick n roll est loin d’être bonne : toujours en retard, avec une communication pas terrible. Il risque de souvent être ciblé sur ce point s’il ne progresse pas vite !

Mathurin a le goût du rebond, le genre de coéquipiers qui va foncer vers toi et sauter plus haut pour avoir le rebond à ta place et qui va toujours essayer d’aller chercher le rebond offensif pour remonter marquer derrière. À la passe, on sent que ce n’est pas son fort ni même son rôle, il y a déjà bien assez de spécialistes dans l’équipe, mais on l’a vu un peu perdre son coté obstiné et têtu : En levant sa tête quand il a la balle en main en contre attaque, ou en jouant plus avec son intérieur en attaque. Ça reste peu, mais c’est le strict nécessaire pour aider l’équipe.

Pour finir avec lui, on l’avait vu et présenti avec ses déclarations à la presse, mais Bennedict Mathurin a un sacré caractère, très sûr de lui, et il le dit ouvertement : Il performe mieux quand il a la confiance.
Aussi un peu désagréable, il n’hésite pas à se friter avec Stephen Curry ou d’autres noms, sans se laisser faire (alors que bon, c’est souvent lui le problème hahaha).
Charbonneur dans l’âme, il passe rarement inaperçu sur et en dehors du terrain. Le tout me semble rentrer dans le starter pack du « bon petit leader ». Même sans être le meilleur joueur de l’équipe, c’est souvent par lui que part les révoltes et les runs sur le terrain.

Talentueux dans déjà quasi tous les domaines, il montre quand même des progrès sur pas mal de points en à peine 30 matchs, laissant paraître un potentiel encore immense. Mais avant ça il faudra déjà réussir à améliorer sa régularité et à se trouver un jeu intérieur efficace à hauts pourcentages.

Sur ce, à dans deux jours pour la suite de cet article.

Regarde les Pacers la nuit, écris le jour, domirai demain. C’est moi qui gère le site web et les réseaux sociaux du projet. Queer.